Parce que… c’est l’épisode 0x580!

Shameless plug

Description

Ce podcast a réuni plusieurs experts pour discuter de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine de la santé lors de la troisième journée de l’événement Humako. Les participants étaient Gregory Alexander (doctorant en études de cinéma), Marie Arminio (doctorante en psychologie), Audrey Vermeulen (doctorante en philosophie), Tamari Gamkrelidz (psychologue du travail et docteure en ergonomie), et Hélène (médecin chercheur et ergonome).

L’IA entre fantasme et réalité

La discussion s’ouvre sur le constat d’une certaine idéalisation de l’IA dans la science-fiction, où elle est souvent présentée comme pouvant remplacer l’humain. Tamari Gamkrelidz souligne que ce discours, très présent dans les débats autour de l’IA vers 2019, est rapidement déconstruit par les professionnels de terrain qui considèrent l’IA comme “un outil parmi d’autres”. Marie évoque une étude montrant qu’à partir de 2020, le discours a évolué vers une approche où l’IA s’adapte à l’humain plutôt que l’inverse.

Audrey Vermeulen suggère que nous sommes en train de dépasser le fantasme pour confronter l’IA à la réalité du travail. Gregory Alexander rappelle que les films de science-fiction alimentent souvent nos peurs face aux nouvelles technologies, alors que dans la pratique, l’IA reste un outil qui peut nous aider si elle est bien utilisée.

L’histoire se répète

Tamari rappelle que les fantasmes d’automatisation et de remplacement ont toujours existé face aux innovations technologiques. Elle évoque l’exemple des systèmes experts des années 1980 qui promettaient déjà de résoudre tous les problèmes, avant de connaître un “hiver de l’IA” quand les promesses n’ont pas été tenues. Un participant fait remarquer avec humour que le système expert le plus répandu aujourd’hui est Excel, qui n’a pas remplacé les humains mais a plutôt “pollué les organisations avec des chiffres”.

Impact sur la pratique médicale

Hélène évoque comment la simulation médicale, encouragée par la Haute Autorité de Santé depuis 2012, a évolué grâce aux nouvelles technologies. Elle souligne la dualité de ces outils : ils peuvent améliorer les performances des professionnels mais risquent aussi de devenir une limite s’ils ne sont pas utilisés à bon escient.

La discussion aborde un système de détection de fractures, décrit comme un “filet de sécurité” pour les médecins fatigués ou stressés, mais qui comporte aussi un risque de “fausse assurance”. Les participants comparent cette situation aux pilotes automatiques dans l’aviation, où l’humain doit reprendre la main en cas d’urgence, soulevant la question de la capacité à intervenir quand on n’est plus “dans la boucle”.

Transformation du travail en équipe

Un aspect crucial abordé est l’impact de l’IA sur le travail collectif en santé. Hélène mentionne l’exemple d’un casque de réalité augmentée qui, bien que technologiquement avancé, perturbe la relation directe avec le patient et la communication non verbale entre membres de l’équipe soignante. Tamari évoque le cas des manipulateurs radio dont le métier est menacé de fragmentation : si un système prend en charge la partie technique de leur travail, il ne leur reste que la partie “soin”, qui pourrait être confiée à des aides-soignants moins qualifiés.

Les participants évoquent également la disparition du rôle des secrétaires médicales dans la relecture des comptes-rendus, remplacées par des systèmes de reconnaissance vocale. Cette évolution affecte non seulement la qualité des documents (les secrétaires pouvaient détecter certaines erreurs) mais aussi l’accompagnement humain des patients, les secrétaires ayant une connaissance de leur situation qui favorisait une relation plus humaine.

Éducation et maintenance des compétences

Face à la dépendance croissante aux technologies, les participants s’inquiètent de la perte de compétences fondamentales. Hélène prend l’exemple des calculs de doses médicamenteuses : si les soignants perdent cette capacité au profit d’un outil automatisé, comment pourront-ils détecter une erreur du système? Elle rappelle également l’importance de maintenir des compétences “à l’ancienne” pour assurer la résilience en cas de défaillance technique (panne d’électricité, piratage informatique).

Gregory mentionne que paradoxalement, les milliardaires de la tech envoient leurs enfants dans des écoles limitant l’usage des technologies. Tamari soulève la question cruciale : comment garantir le développement et le maintien de capacités critiques face à ces outils? Elle évoque le cas des internes en radiologie qui, peu accompagnés par leurs seniors, pourraient devenir dépendants de l’IA sans développer leurs propres compétences diagnostiques.

Notes

Collaborateurs

Crédits

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Tags: ethique, ia, medical, sante, vr


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